"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres." - [Eugène Ionesco]

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Un grand merci à Natalie Milligan, co-éditrice de la "Frazette" ! D'abord, j'aimerais dire un grand merci à Maddy Clarke pour avoir créé mon nom. Vous aurez compris qu'il s'agit de la contraction des mots "français" et "gazette" ce qui donne ce joli nom de Frazette. Alors, oui, Frazette me voici. Je suis le journal des étudiants du département de français de l'Université Dalhousie, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Mon but consiste à permettre l'accès à quelques-uns des meilleurs textes rédigés par les étudiants des cours de français du département. J'espère que vous aurez du plaisir à me lire et, surtout, que vous deviendrez membre et que vous laisserez vos commentaires. Bonne lecture ! Et au fait, comment trouvez-vous mon "image" ? Rendons à César ce qui revient à César... l'auteur de cette photo et de cette... créature... appellée au départ Manon-le-mannequin a été conçue par Julien Major, un étudiant québecois, dans le cadre d'un projet de finissants au cégep de Valleyfield. Manon incarne pour ainsi dire les mots. N'est-elle pas une belle représentation de notre Frazette ?

dimanche 7 février 2010

La malade imaginaire, par Brandon Gillis

"Cette rédaction a été inspirée par Molière", nous dit Brandon lui-même...


Ce que je suis sur le point de raconter est tiré d'une histoire vraie ; il s’agit de l’ancienne petite amie d’un de mes très bons amis. On l’a soupçonnée d’être hypocondriaque à cause de sa tendance constante à se plaindre presque à chaque jour d’une nouvelle douleur, maladie ou crise qu’elle croyait être mortelle.

Un matin, elle s’est levée et a commencé à se plaindre d’avoir perdu toute sensation dans le pied gauche. La même chose était apparemment arrivée à son arrière grand-père quand il était très petit. Il ne s’est jamais rétabli et malheureusement et il est décédé de la maladie mortelle appelée « piedperdite. » En réalité, bien sûr, elle avait le pied engourdi. Toutefois, elle « s'est sentie mieux » après avoir appliqué de la glace sur son pied. Une autre fois, elle s’est fait piquer par un moustique dans le parc et a commencé immédiatement à avoir le vertige, mal au cœur, et de l’amnésie; elle ne pouvait pas nommer les capitales provinciales. Elle pensait avoir attrapé le SIDA ! Elle paniquait ! «Emmène-moi à l’hôpital !» criait-t-elle à mon ami. Mais bien sûr elle a encore réagi de façon excessive. Elle «s'est sentie mieux» après avoir nourri les canards du lac … et de toute manière elle n’ jamais pu nommer les capitales.

Mon ami, mon très bon et très patient ami patient a dû prendre une décision bien difficile. Après avoir assez souffert de « l’ hypocondrie » de sa petite amie, il a décidé de rompre avec elle. Vous pouvez imaginer sa réaction... Juste après la rupture, elle a appelé les policiers pour signaler que son petit ami lui avait brisé le cœur !

"Mon Camps de vacances au Québec", par Natalie Milligan

Voici un autre texte issu du cours de français québécois. Natalie raconte à son amie Sophie ses aventures au Québec dans une langue, ma foi, assez typique de la belle région de Lanaudière. C'est un registre populaire, bien entendu ;-)


Ma Chère Sophie,


T’es au courant que je me suis pogné une job (j'ai obtenu un emploi) dans un camp de vacances au Québec pour cet été? Ben, je suis déjà rendue là, pis il faut dire que les gens sont ben fins icitte (très gentils ici) dans les Laurentides! D’abord, le voyage en train pour me rendre de la Nouvelle Écosse à Montréal a été vraiment long et j’avais de la misère à dormir sur mon siège. C’est sûr que j’avais l’air d’avoir passé la nuit sur la corde à linge (pas dormi de la nuit) mais je suis arrivée sans gros problèmes, et une des religieuses qui travaillent au camp était là, à la gare, pour me donner un lift (pour venir me chercher). Je me trouve en fait à St-Donat, au nord de Montréal (près du Mont-Tremblant), faque (c'est pourquoi) je suis ben loin de la ville, mais les montagnes et la nature dans la campagne sont tellement belles. Malheureusement, il y a plein de maringouins (méchant petit insecte piqueur qui s'abreuve du sang des citadins et provoque des démangeaisons quasi insuportables) et d’autres bebittes (insectes) icitte (ici), il mouille (il pleut) beaucoup cet été pis (et puis) il fait parfois frette (froid) le soir mais le camp est quand même trippant! (très amusant)

Les journées ne sont jamais plattes (ennuyantes) parce que, comme monitrices, on a beaucoup à faire et on n’as pas le temps de se pogner le cul (de rester à rien faire). On dort toujours comme des bûches (dormir d'un sommeil très profond) le soir, et chaque matin, ma co-monitrice garoche (lance) le cadran (le réveil matin)d’un coté de la chambre à l’autre en disant « Câline de bine, que c’est de bonne heure! » (câline est juron innocent, euphémisme si l'on veut d'un juron plus grave issu de la religion catholique, associé à un met traditionnel québécois, les "binnes", c'est-à-dire les fèves au lard. L'ensemble forme un tout destiné à marquer l'intensité de l'expression. Il est vraiment très très très tôt le matin...)   On a toujours ben trop d’affaires  (de choses) à faire! Je travaille avec des campeuses de 13 à 16 ans, ce qui veut dire qu'elles sont moins niaiseuses (plus dégourdies disons) que des petits garçons et sont assez indépendantes. Par contre elles chialent (se plaignent) beaucoup et se bitchent (médisent les unes contre les autres) entre elles, mais c’est ça travailler avec les ados, (adolescents) il faut le supporter autant que possible. Heureusement ma boss (ma patronne), c’est-à-dire ma responsable de chalet, une jeune postulante nommée Rosa, est super fine (super gentille) et très relaxe. J’avoue que parfois quand les filles se disputent entre elles et se mettent à brailler (pleurer) sans raison j’ai l’envie de peter ma coche (me mettre en colère) et les pitcher (les lancer) toutes dans le lac, mais, à chaque fois que je me suis tannée (me suis énervée), Rosa, toujours patiente, me disait « Ma grande, lâche pas la patate (courage, ne laisse pas tomber) pis pogne pas les nerfs (ne t'énerve pas), tout va bien aller! » Elle ne m’a jamais laissé abandonner mon boulot et m’a toujours remonté le moral quand j’étais désespérée!

Le meilleur bout (ma meilleure expérience) à date (jusqu'à maintenant) c’est quand une de mes amies, Mimi, qui est une autre monitrice, m’a invitée chez-elle à St-Sulpice (joli et très ancien village du Québec situé sur le bord du fleuve St-Laurent, reconnu entre autres pour son vignoble)  pour une fin de semaine (un week-end !) de congé inoubliable. Dès qu’on a été libre le vendredi soir, on a embarqué dans son char (on est monté dans sa voiture). D’abord, on s'est arrêtées au dépanneur (un "convenience store") à St-Donat – le village est grand comme ma main (minuscule), mais il y a quand même quelques magasins où on peut s’acheter des affaires (des choses, des trucs). On a acheté une crème glacée à quelques piastres (dollars), puis on a mis du gaz (de l'essence) dans le char avant de partir vers St. Sulpice. Mimi chauffait comme une malade (conduisait comme une folle, très vite) sur des petits chemins de campagne et j’ai chié des briques (j'ai eu très peur) en croyant qu’on allait fesser (frapper) un autre char…ou un arbre! Mimi m’a regardé un peu croche (l'air moqueur) quand elle a vu comment j’étais aggripée à ma sacoche (cramponnée à mon sac à main)  en demandant « t’es-tu correcte? » (est-ce que ça va ?) pendant que sa soeur, qui travaille aussi au camp, était crampée ben raide (morte de rire) en arrière en disant « tabarouette! (autre juron atténué, un mélange de tabarnak et de brouette) check ben ca (regarde) comment elle a peur! ». Après qu’on soit arrivées chez-elles, j’ai eu tellement de fun (de plaisir), j’ai trippé (je me suis amusée) toute la fin de semaine avec leur famille pis on s’est bien reposées. C’était poche (dommage) quand le dimanche est arrivé parce qu’il a fallu retourner au camp, malgré le fait que j’aime tellement mon travail!

Bref, je capote icitte (je m'amuse follement ici), même si je m’ennuie de toi pis mes amies à Halifax! C’est vrai que je la trouve fatigante parfois, mais j’aime ma job (mon travail) pareil (quand même). En plus les gens avec qui je travaille sont super fins, je crois que si c’était possible, je resterais icitte dans les bois du Québec pour toujours! À bientôt ma cocotte (ma chérie), je t’aime fort!!

Natalie

L'erreur, par Laura Forrest

Laura nous propose ici un texte pour le moins curieux... étrange, en effet, que ce phénomène que l'on nomme les lapsus...



Quand on rencontre de nouvelles personnes, on essaie toujours de faire bonne impression. Alors, on s’habille bien, on se douche régulièrement, on se brosse les dents plus souvent que d’habitude et on se sent l’obligation d’aller jusqu’au but pour quelqu’un qu’on ne connaît guère. On fait tout cela sans trop y penser, mais il y a une partie qui est plus difficile à contrôler : la bouche.

C’est environ à la troisième rencontre avec quelqu'un qu’on se sent à l’aise avec lui. C’est là où commencent les erreurs. On oublie de se brosser les cheveux pour la troisième fois, on laisse la porte se refermer derrière soi sans regarder, et avec la bouche, on fait des bévues sans le vouloir.

Au commencement, la personne insultée ne dit rien. Tout le monde a le droit à l’erreur, n’est-ce pas? Cependant, si l’on continue à dire des bêtises, la situation devient tendue. Ce qu’il faut faire dans le cas où on remarque que l’autre personne a changé d’humeur, juste après qu’on a dit quelque chose, c’est d’en prendre conscience pour ne pas le refaire. Mais, bien sûr, la bouche essaie de corriger son erreur!

Toutes sortes de mots coulent à flots de la bouche. C’est la raison pour laquelle cette bouche est toujours en train de dire « Je m’excuse » à la personne; mais cela cause encore plus de malentendus.

Après avoir écouté ces mots pendant ce qui ressemble à des heures, la personne décide que ces fautes verbales sont monumentales. Par conséquent, elle nous quitte en colère. Le cerveau dit « Mais qu’est-ce que j’ai fait? » pendant que la bouche hurle « Mais tu te trompes! Je suis gentil- vraiment! »