"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres." - [Eugène Ionesco]

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Un grand merci à Natalie Milligan, co-éditrice de la "Frazette" ! D'abord, j'aimerais dire un grand merci à Maddy Clarke pour avoir créé mon nom. Vous aurez compris qu'il s'agit de la contraction des mots "français" et "gazette" ce qui donne ce joli nom de Frazette. Alors, oui, Frazette me voici. Je suis le journal des étudiants du département de français de l'Université Dalhousie, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Mon but consiste à permettre l'accès à quelques-uns des meilleurs textes rédigés par les étudiants des cours de français du département. J'espère que vous aurez du plaisir à me lire et, surtout, que vous deviendrez membre et que vous laisserez vos commentaires. Bonne lecture ! Et au fait, comment trouvez-vous mon "image" ? Rendons à César ce qui revient à César... l'auteur de cette photo et de cette... créature... appellée au départ Manon-le-mannequin a été conçue par Julien Major, un étudiant québecois, dans le cadre d'un projet de finissants au cégep de Valleyfield. Manon incarne pour ainsi dire les mots. N'est-elle pas une belle représentation de notre Frazette ?

dimanche 7 février 2010

"Mon Camps de vacances au Québec", par Natalie Milligan

Voici un autre texte issu du cours de français québécois. Natalie raconte à son amie Sophie ses aventures au Québec dans une langue, ma foi, assez typique de la belle région de Lanaudière. C'est un registre populaire, bien entendu ;-)


Ma Chère Sophie,


T’es au courant que je me suis pogné une job (j'ai obtenu un emploi) dans un camp de vacances au Québec pour cet été? Ben, je suis déjà rendue là, pis il faut dire que les gens sont ben fins icitte (très gentils ici) dans les Laurentides! D’abord, le voyage en train pour me rendre de la Nouvelle Écosse à Montréal a été vraiment long et j’avais de la misère à dormir sur mon siège. C’est sûr que j’avais l’air d’avoir passé la nuit sur la corde à linge (pas dormi de la nuit) mais je suis arrivée sans gros problèmes, et une des religieuses qui travaillent au camp était là, à la gare, pour me donner un lift (pour venir me chercher). Je me trouve en fait à St-Donat, au nord de Montréal (près du Mont-Tremblant), faque (c'est pourquoi) je suis ben loin de la ville, mais les montagnes et la nature dans la campagne sont tellement belles. Malheureusement, il y a plein de maringouins (méchant petit insecte piqueur qui s'abreuve du sang des citadins et provoque des démangeaisons quasi insuportables) et d’autres bebittes (insectes) icitte (ici), il mouille (il pleut) beaucoup cet été pis (et puis) il fait parfois frette (froid) le soir mais le camp est quand même trippant! (très amusant)

Les journées ne sont jamais plattes (ennuyantes) parce que, comme monitrices, on a beaucoup à faire et on n’as pas le temps de se pogner le cul (de rester à rien faire). On dort toujours comme des bûches (dormir d'un sommeil très profond) le soir, et chaque matin, ma co-monitrice garoche (lance) le cadran (le réveil matin)d’un coté de la chambre à l’autre en disant « Câline de bine, que c’est de bonne heure! » (câline est juron innocent, euphémisme si l'on veut d'un juron plus grave issu de la religion catholique, associé à un met traditionnel québécois, les "binnes", c'est-à-dire les fèves au lard. L'ensemble forme un tout destiné à marquer l'intensité de l'expression. Il est vraiment très très très tôt le matin...)   On a toujours ben trop d’affaires  (de choses) à faire! Je travaille avec des campeuses de 13 à 16 ans, ce qui veut dire qu'elles sont moins niaiseuses (plus dégourdies disons) que des petits garçons et sont assez indépendantes. Par contre elles chialent (se plaignent) beaucoup et se bitchent (médisent les unes contre les autres) entre elles, mais c’est ça travailler avec les ados, (adolescents) il faut le supporter autant que possible. Heureusement ma boss (ma patronne), c’est-à-dire ma responsable de chalet, une jeune postulante nommée Rosa, est super fine (super gentille) et très relaxe. J’avoue que parfois quand les filles se disputent entre elles et se mettent à brailler (pleurer) sans raison j’ai l’envie de peter ma coche (me mettre en colère) et les pitcher (les lancer) toutes dans le lac, mais, à chaque fois que je me suis tannée (me suis énervée), Rosa, toujours patiente, me disait « Ma grande, lâche pas la patate (courage, ne laisse pas tomber) pis pogne pas les nerfs (ne t'énerve pas), tout va bien aller! » Elle ne m’a jamais laissé abandonner mon boulot et m’a toujours remonté le moral quand j’étais désespérée!

Le meilleur bout (ma meilleure expérience) à date (jusqu'à maintenant) c’est quand une de mes amies, Mimi, qui est une autre monitrice, m’a invitée chez-elle à St-Sulpice (joli et très ancien village du Québec situé sur le bord du fleuve St-Laurent, reconnu entre autres pour son vignoble)  pour une fin de semaine (un week-end !) de congé inoubliable. Dès qu’on a été libre le vendredi soir, on a embarqué dans son char (on est monté dans sa voiture). D’abord, on s'est arrêtées au dépanneur (un "convenience store") à St-Donat – le village est grand comme ma main (minuscule), mais il y a quand même quelques magasins où on peut s’acheter des affaires (des choses, des trucs). On a acheté une crème glacée à quelques piastres (dollars), puis on a mis du gaz (de l'essence) dans le char avant de partir vers St. Sulpice. Mimi chauffait comme une malade (conduisait comme une folle, très vite) sur des petits chemins de campagne et j’ai chié des briques (j'ai eu très peur) en croyant qu’on allait fesser (frapper) un autre char…ou un arbre! Mimi m’a regardé un peu croche (l'air moqueur) quand elle a vu comment j’étais aggripée à ma sacoche (cramponnée à mon sac à main)  en demandant « t’es-tu correcte? » (est-ce que ça va ?) pendant que sa soeur, qui travaille aussi au camp, était crampée ben raide (morte de rire) en arrière en disant « tabarouette! (autre juron atténué, un mélange de tabarnak et de brouette) check ben ca (regarde) comment elle a peur! ». Après qu’on soit arrivées chez-elles, j’ai eu tellement de fun (de plaisir), j’ai trippé (je me suis amusée) toute la fin de semaine avec leur famille pis on s’est bien reposées. C’était poche (dommage) quand le dimanche est arrivé parce qu’il a fallu retourner au camp, malgré le fait que j’aime tellement mon travail!

Bref, je capote icitte (je m'amuse follement ici), même si je m’ennuie de toi pis mes amies à Halifax! C’est vrai que je la trouve fatigante parfois, mais j’aime ma job (mon travail) pareil (quand même). En plus les gens avec qui je travaille sont super fins, je crois que si c’était possible, je resterais icitte dans les bois du Québec pour toujours! À bientôt ma cocotte (ma chérie), je t’aime fort!!

Natalie

2 commentaires:

  1. haha j'aime tellement les explications que vous avez donner pour les mots quebecois!

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  2. J'ai bien aimé lire ce texte de Natalie Miligan en français québécois sur son expérience comme monitrice de camp de vacances. Il témoigne de sa bonne intégration dans la vie et la culture québécoise. Bravo!

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