"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres." - [Eugène Ionesco]

Ma photo
Un grand merci à Natalie Milligan, co-éditrice de la "Frazette" ! D'abord, j'aimerais dire un grand merci à Maddy Clarke pour avoir créé mon nom. Vous aurez compris qu'il s'agit de la contraction des mots "français" et "gazette" ce qui donne ce joli nom de Frazette. Alors, oui, Frazette me voici. Je suis le journal des étudiants du département de français de l'Université Dalhousie, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Mon but consiste à permettre l'accès à quelques-uns des meilleurs textes rédigés par les étudiants des cours de français du département. J'espère que vous aurez du plaisir à me lire et, surtout, que vous deviendrez membre et que vous laisserez vos commentaires. Bonne lecture ! Et au fait, comment trouvez-vous mon "image" ? Rendons à César ce qui revient à César... l'auteur de cette photo et de cette... créature... appellée au départ Manon-le-mannequin a été conçue par Julien Major, un étudiant québecois, dans le cadre d'un projet de finissants au cégep de Valleyfield. Manon incarne pour ainsi dire les mots. N'est-elle pas une belle représentation de notre Frazette ?

dimanche 31 janvier 2010

"Mon nouveau poste", par Kim Havens

Ici, Kim nous propose un texte... un peu particulier. Il s'agissait de rédiger un texte contenant des mots-valises (en italiques - concept utilisé ici de manière assez libre), ce qui donne parfois naissance à des créatures pour le moins étranges...
Mon nouveau poste

J’ai obtenu un nouveau poste chez un homme un peu excentrique. Malgré tout, je suis heureuse comme un poisson dans l’eau. Il prend toutes mes idées au sérieux et nous les utilisons dans ses projets. Ce poste me permet d’exprimer ma créativité.

Oh ! comme j’étais enchantée de voir la naissance de mon petit lionge! (lion + singe) Il est si mignon, avec sa crinière luisante et sa longue queue qui l’aide grimper aux arbres.

Mon patron, comme je viens de le dire, est un peu excentrique, mais c’est un génie. C’est avec un bonheur sans nom que je l’ai vu créer le premier serpeaux (serpent + oiseaux) du monde. Je ne croyais pas que c'était possible de le faire. Et pourtant, j'avais devant moi un corps très long et très mince qui volait avec trois paires d’ailes d’oiseaux, c’était parfait!

Ma dernière création, mon chèvrodile (chèvre + crocodile), a nécessité plus de travail. Avec sa mâchoire si grande et remplie de dents et sa tête un peu lourde. Peut-être qu’avec un corps ou des pattes plus longues et fortes, on réussira. Actuellement le chèvrodile ne peut pas marcher…ses pattes arrières ne touchent pas le sol. Mais comme c’est par tâtonnements qu’on apprend, alors au travail!

"La danse finale", par Katie Conrad

Ici, vous devinerez aisément de quel champ lexical il s'agit. Katie nous offre un texte très dense, et surtout  très dramatique... A vous d'en juger ! La Frazette


La danse finale

La bataille. C’est la fin. Les ennemis sont trop nombreux. Nous ne pouvons pas gagner.

Nous mourrons. Nous mourons déjà. Je vois la mort tout autour de moi. Mes camarades meurent. Mes amis sont morts.

Puis je le vois : l’impensable. Notre chef est tué par l’ennemi. Il est mort. Notre héros est mort, et l’espoir avec lui.

Maintenant la fin est vraiment arrivée. Sans héros, la victoire est impossible. Nous pouvons seulement essayer de venger sa mort.

Un grand hurlement s’élève de la gorge de mes compatriotes. Pendant un moment, nous retrouvons un peu nos esprits et le courage nous revient. Nous sommes prêts pour une dernière charge.

Ce n’est pas une attaque. Notre bataille s'est transformée en une danse funèbre. Ce sont les seules funérailles que notre héros aura.

Notre adversaire n'est pas l’ennemi, mais la mort. C’est notre dans finale...

"Jour de souvenir" - par Natalie Milligan

Voici un très beau texte narratif,  rédigé encore une fois avec la contrainte du champ lexical. A vous cette fois de découvrir de quel champ lexical il s'agit ;-)  La Frazette


De l’intérieur de la voiture, la plage paraît tranquille, mais dès que je débarque le vent froid et violent assaille mon visage avec hostilité. Les nuages traversent le ciel à une vitesse impressionnante comme des soldats qui s’avancent sur un champ de bataille. Le temps est marqué par le bombardement continuel des vagues sur la plage. À chaque coup, l’eau enlève quelques grains de sable, les victimes de ce conflit perpétuel entre la terre et la mer. Je lutte contre le vent pour marcher, et je sais que je ne suis pas la première à me battre sur cette plage française. Auparavant des jeunes hommes se sont aussi battus pour franchir ce terrain, le poste de mitrailleuse délabré en haut de la plage reste le seul témoin du combat féroce qui a eu lieu; une sentinelle solitaire des gagnants et des perdants, de la victoire et de la perte.

La voix de mon guide pénètre mes pensés et j’écoute son discours à propos des ennemis, des alliés et des étapes de l’invasion, mais je vois seulement les visages de ces “guerriers”,  les jeunes Canadiens de mon âge, loin de chez-eux, de leur familles, de la vie quotidienne. Ils se trouvent dans un monde incompréhensible où leur seul but est de continuer, de surmonter les obstacles devant eux, de survivre. Les histoires des survivants m’inspirent, mais il reste d’autres histoires à raconter, dont il faut se souvenir, des histoires de sacrifices ultimes. Les combattants qui n’ont jamais réussi à remonter la plage, qui n’ont jamais revu leur famille, leur amour ou même la fin du jour. Une seule larme coule sur ma joue quand je pense à tout ceci. Leurs vies étaient trop courtes, mais leurs histories doivent rester dans nos mémoires car ils sont morts sur cette plage en Normandie, à coté de leurs camarades, pour assurer notre liberté.

"Les aurores Boréales", par Nicole Bonnell

Ici, il s'agit de l'un des nombreux textes rédigés par les étudiants dans le cadre du cours d'expression écrite (FREN 3045). Leur professeur (en l'occurrence, votre Frazette bien-aimée) s'amuse à leur imposer toute une série de contraintes afin de les aider à parfaire leurs compétences en français et, plus généralement, en rédaction. Ce court texte narratif est mystérieux et très beau. Ici, Nicole a eu recours au champ lexical du froid (mots en italiques).
 La Frazette

Je me suis levée tôt ce matin-là. Je me sentais mal à l’aise, mais la cause de mon incertitude m’échappait. Une atmosphère bleuâtre enveloppait ma chambre, contrastant de manière déconcertante par rapport aux ténèbres de la nuit précédente. En me levant, j’ai vu que la neige fondait lentement mais que la glace resterait encore pendant quelques semaines. J’avais envie de sortir de mon appartement pour explorer les rues abandonnées, mais les souvenirs des graves engelures  subies récemment me forçaient à rester immobile. Soudainement, je suis tombée sur le plancher, incapable de me tenir debout. L’image des corps de mes deux frères a éclaté devant mes yeux, deux masses de chair congelées, incapables de respirer. Voilà, la source de mon incertitude. Toujours la source de mon malaise…

Comment me sortirai-je de cette dépression envahissante? Je suis seule au monde, incapable de faire face à ce qui me cause de la peine. Peut-être sortirai-je dehors ce soir voir les aurores boréales pour regarder de nouveau danser mes frères dans le ciel…

"Ma 'brunette' pis moé", par Brandon Gillis

Dans la rubrique "le français québecois", vous trouverez des textes un peu particuliers... En fait, il s'agissait pour les étudiants d'employer des expressions ou des tournures typiquement québecoises... En voici un premier aperçu. J'ai cru bon de vous offrir une "traduction" de certains mots ou expressions en français standard. Vous les retrouverez entre parenthèses. Bonne lecture !  La Frazette.



Le 5 novembre, 2009



Ma « brunette » pis moé – ou le party à Montréal

Ce week-end je suis allé rendre visite à un de mes très bons amis à Montréal. Thérie reste (demeure) dans un grand appartement au centre ville avec sa blonde (petite amie). Moi, je n’ai pas de blonde, faque ("ce qui fait que ou "c'est pourquoi") j’ai amené ma « brunette ». D’habitude, Thérie pis moé (et moi) nous parlons en anglais mais pour ce voyage, je visais à travailler mon français. Cependant, ce que j’ai découvert, c’est que ce français québécois, ce joual (français parlé au Québec), n’était pas exactement le français que j’avais appris à l'université. Je m’explique...

On est arrivé un peu en retard à l'aéroport Montréal-Trudeau. Thérie et sa petite amie nous y ont rencontrés. Le vol avait été long. J’avais dormi un peu dans l’avion mais je crevais de soif. Heureusement, la blonde de Thérie m’a informé qu’il y avait de l’eau dans leur voiture. Enfin, elle n’a pas dit exactement ça. Elle n’a pas dit « Y'a de l’eau dans la voiture » mais plutôt « Ben y'a de l’eau dain char ».

« Pardon?! »

« Ben y'a de l’eau dain char

« Quoi?! »

« Dain char! »

« Dans le char? »

« Ouais dain char ! »

« Pourquoi avez-vous un char? »

« Ben…tout le monde a un char! »

« Est-ce que le Québec est en guerre?! »

De toute façon, il n’y a pas de voitures au Québec ; il n’y a que des chars. Faque on a pris le char jusqu’à leur appartement au centre-ville. Quand on est arrivé, ma « brunette » pis moé on a rencontré l’autre ami de Thérie, Marcel, qui venait juste de finir d’organiser une fête.

« Hé t’es au courant du party à soir ? »

« Euh …vous faites une … fête? »

« Ouaaais un party, t’as-tsu  (as-tu) le goût (envie) de venir? »

« Eum …ouais j’ai le « goût »…ouais. Ça va être … délicieux …? »

«Ouaaais man (mon ami... ;-) on va avoir du fun! Va y avoir des osties de beaux pétards (de très jolies filles), on va prendre une brosse (on va prendre une cuite, boire beaucoup d'alcool), … »

« Vous allez prendre une brosse ? »

« Ouaaais faut prendre une brosse ! »

« Et si on se coiffait avant d’y aller ? Esse ke ça marche (est-ce que ça fait l'affaire quand même) aussi? »

« Non non ! Espèce de nono ! (espèce d'idiot) Prendre une brosse ça veut dire être paqueté ! » (être ivre)

« Ah ouais … maintenant je vois … »

Il y avait un peu de confusion, mais j’ai appris un tas de choses pareil (quand même). C’est de valeur (c'est dommage) qu’on n'ait pas pu rester plus longtemps. Le party était le fun sauf que j’avais de la misère (j'avais du mal) à comprendre tout ce que le monde (les gens) disait. De plus, il y avait un autre gars là qui était paqueté et qui avait un kick (qui trouvait ma petite amie bien jolie) sur ma « blonde » ; il a continué à flasher (à la regarder... disons avec insistance) sur elle. Mais il ne disait pas « Voulez-vous coucher avec moi ?» Il disait « tu veux-tsu coucher avec moé ?» Pas besoin de dire que j’avais le feu au cul... (j'étais en colère)