"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres." - [Eugène Ionesco]

Ma photo
Un grand merci à Natalie Milligan, co-éditrice de la "Frazette" ! D'abord, j'aimerais dire un grand merci à Maddy Clarke pour avoir créé mon nom. Vous aurez compris qu'il s'agit de la contraction des mots "français" et "gazette" ce qui donne ce joli nom de Frazette. Alors, oui, Frazette me voici. Je suis le journal des étudiants du département de français de l'Université Dalhousie, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Mon but consiste à permettre l'accès à quelques-uns des meilleurs textes rédigés par les étudiants des cours de français du département. J'espère que vous aurez du plaisir à me lire et, surtout, que vous deviendrez membre et que vous laisserez vos commentaires. Bonne lecture ! Et au fait, comment trouvez-vous mon "image" ? Rendons à César ce qui revient à César... l'auteur de cette photo et de cette... créature... appellée au départ Manon-le-mannequin a été conçue par Julien Major, un étudiant québecois, dans le cadre d'un projet de finissants au cégep de Valleyfield. Manon incarne pour ainsi dire les mots. N'est-elle pas une belle représentation de notre Frazette ?

jeudi 6 mai 2010

Lettre d'amour

Par Yaroslava Krysina


Chère Dulcinée,

C'était le soir et j’étais seul. La vie n’était plus intéressante pour moi. J’étais désespéré. Mais, soudain, je vous ai vue… Vous flottiez comme un papillon transporté par le soleil du printemps. Votre voix était douce et belle comme le chant du rossignol. Vos yeux étaient brillants comme deux grandes émeraudes. Votre manière de marcher était pleine d’élégance et de grâce. Non ! Vous ne marchiez pas ! Vous voliez comme un bel oiseau exotique. Je suis tombé amoureux de vous. S’il-vous-plaît, ne riez pas… Ne torturez plus mon esprit ! Ma Dulcinée, je vous aime !

Métaphore filée : la nature

mercredi 5 mai 2010

"Au cimetière"

Au Cimetière

Par Laura Forrest




Je suis ici, parmi les branches mortes et les pierres tombales aussi vieilles que cette ville. J’y suis toujours, pas mon corps, mais mon essence. Les arbres vivent grâce à mon corps, et ainsi je vis aussi, par procuration, à travers ces arbres tordus, chétifs, mais forts - forts à cause de ma volonté de vivre.

Personne aujourd’hui dans ce pays ne se souvient de moi, et ceux qui m'ont connue en Irlande essaient de m’oublier. Je ne sais pas si je devrais me fâcher contre eux, mais maintenant - au ciel - je ne m’en soucie plus. Tout ce que je raconte est sans parti pris, sans émotion : ce sont seulement les faits.

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J’enfile ma robe de mariée le matin du 14 mars 1877. J’ai 16 ans et je suis incroyablement nerveuse. Mon mari est beau et il a de l’argent : « Col. The hon. Charles Alexander ». Il vient de Tyrone, alors je ne le connais guère. Il m’attend devant l’autel avec le prêtre, en compagnie de nos familles et de nos amis.

Moi aussi, je suis devant l’autel - devant Dieu. Je dis « oui » mais mon cœur n’est pas d’accord - il demeure auprès de mon voisin, le jardinier. Nous quittons l’église, main dans la main, pour les festivités; pour commencer notre vie.

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Je suis chez le jardinier. Je suis dans ses bras forts. Ses lèvres s’approchent de plus en plus des miennes, et je ne détourne pas la tête.

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Je suis au Canada, à Halifax. Charles m’a forcée à quitter l’Irlande avec ce bébé dans mon corps qui n’était pas de lui. Il y a cinq ans qu’il est mort, mon bébé - tué au travail par une pièce de bois qui est tombée sur sa tête. Il était jeune, et je suis vieille. Je vis avec l’argent que mon mari m’envoie, mais j’aimerais mieux un homme. Je serais plus heureuse dans les bras de quelqu’un et pauvre, que seule et à l’aise. Je vivrai ma vie jusqu’à la fin, comme ça : seule, pour avoir été avec le jardinier.

"L'étranger" d'Albert Camus

Critique de L’Étranger

Par Laura Forrest


L’ Étranger aborde tous les sujets dont on a peur de discuter. Camus, originaire d’Algérie, était un chef de file de l’existentialisme. Cette philosophie se révèle à travers Meursault, le personnage principal. Il n’exprime aucune émotion, même quand sa mère meurt. À la fin, il est puni pour ne pas avoir montré de sentiments.

J’ai lu ce roman il y a deux ans, mais je me souviens de chaque détail. Souvent on se trouve dans une situation absurde, mais on essaie de l’ignorer. Camus fait vivre Meursault dans un monde absurde, d’une façon impassible. À la fin, il est est mis à mort par un tribunal, et le lecteur sent que c’est parce qu’il a choisis d’être différent - de ne pas prendre la vie trop au sérieux.

Le fabuleux destin d'Amélie Poulin

Un film d’espoir

Par Laura Forrest


Notre vie se déroule en fonction de nos actions. Cette philosophie se retrouve dans le film de Jean-Pierre Jeunet, Le Fabuluex destin d’Amélie Poulain. Réalisé en France en 2001, cette comédie romantique laisse une forte empreinte sur le public. Ayant grandi dans une famille refermée sur elle-même, Amélie (Audrey Tautou) incarne particulièrement bien le rôle d’une jeune fille qui se sent seule, mais qui aime aider les autres à vaincre leur solitude. Elle s’attribue le rôle d’entremetteuse, mais pour elle-même, elle n’arrive à rien.

L’interprétation d’Amélie par Audrey Tautou est nettement plus impressionnante que celle à laquelle je m’attendais. Amélie est une femme étrange, et l’actrice la représente incroyablement bien - jusqu’aux sourires. Mais c’est l’intrigue qui tient le public en haleine.

Tomber amoureuse de l’homme qu’on voit chaque jour à genoux, en train de ramasser des photos de personnes qu’il ne connaît pas, c’est commun dans les films. Cette tendance à s’intéresser à quelqu’un qu’on ne connaît pas, est de loin la plus fréquente parmi les solitaires. Mais on sait tous que la chance de vivre un grand amour avec cette personne est plus faible que de gagner le gros lot.

Le film est rempli d’événements insolites mais beaux, et c’est peut-être ce fait qui le rend si agréable. Tout le monde adore se rappeler que, même s’il y a peu de chances que quelque chose arrive, c’est toujours possible. En somme, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain donne de l’espoir au public.

A voir absolument en cas de déprime !

mercredi 17 mars 2010

La fuite - par Katie Conrad

Si j’avais les ailes d’un ange,
je partirais pour l’Europe,
puis pour l’Afrique, puis pour l’Asie.
Je survolerais la planète,
je verrais toutes les merveilles du monde.
Je visiterais chaque pays
pour observer tout ce que je peux.

Je me perdrais
dans un coin éloigné et oublié.
Et quand je n’arriverais plus à me retrouver
je me tournerais vers le soleil,
en suivant l’exemple d’Icare.


Si j’avais les ouïes d’un poisson,
je nagerais dans l’océan.
J’explorerais les épaves
au fond de la mer,
et je redécouvrirais les secrets
de l’Atlantide, le continent perdu.
Je jouerais avec les méduses,
je danserais avec les dauphins¸
et je chanterais avec les sirènes.
Et quand je ne saurais plus nager
je m’engouffrerais dans la bouche d’une baleine
pour rejoindre Jonas.



Si j’avais la vitesse d’un guépard,
je courrais à l’autre bout du monde.
Je ne verrais plus le paysage.
Je perdrais mes repères.
Je disparaîtrais.
J’irais même trop vite
pour ma pensée.
Je gagnerais des courses
contre le son et la lumière.
J’irais tellement vite
que je prendrais soudainement feu.



Si j’avais les roues d’une voiture
je partirais d’ici.
Je ferais un voyage pour traverser
ce grand pays, d’une mer à l’autre.
J’arpenterais les routes
de chaque grande ville,
pour découvrir la nuit
et ses lumières qui ne s’éteignent jamais
Quand il ne resterait plus de caoutchouc
sur mes roues, j’appelerais un taxi
pour me transporter plus loin encore.



Mais si tu me disais que tu m’aimes encore,
je ne partirais jamais.

dimanche 7 février 2010

La malade imaginaire, par Brandon Gillis

"Cette rédaction a été inspirée par Molière", nous dit Brandon lui-même...


Ce que je suis sur le point de raconter est tiré d'une histoire vraie ; il s’agit de l’ancienne petite amie d’un de mes très bons amis. On l’a soupçonnée d’être hypocondriaque à cause de sa tendance constante à se plaindre presque à chaque jour d’une nouvelle douleur, maladie ou crise qu’elle croyait être mortelle.

Un matin, elle s’est levée et a commencé à se plaindre d’avoir perdu toute sensation dans le pied gauche. La même chose était apparemment arrivée à son arrière grand-père quand il était très petit. Il ne s’est jamais rétabli et malheureusement et il est décédé de la maladie mortelle appelée « piedperdite. » En réalité, bien sûr, elle avait le pied engourdi. Toutefois, elle « s'est sentie mieux » après avoir appliqué de la glace sur son pied. Une autre fois, elle s’est fait piquer par un moustique dans le parc et a commencé immédiatement à avoir le vertige, mal au cœur, et de l’amnésie; elle ne pouvait pas nommer les capitales provinciales. Elle pensait avoir attrapé le SIDA ! Elle paniquait ! «Emmène-moi à l’hôpital !» criait-t-elle à mon ami. Mais bien sûr elle a encore réagi de façon excessive. Elle «s'est sentie mieux» après avoir nourri les canards du lac … et de toute manière elle n’ jamais pu nommer les capitales.

Mon ami, mon très bon et très patient ami patient a dû prendre une décision bien difficile. Après avoir assez souffert de « l’ hypocondrie » de sa petite amie, il a décidé de rompre avec elle. Vous pouvez imaginer sa réaction... Juste après la rupture, elle a appelé les policiers pour signaler que son petit ami lui avait brisé le cœur !

"Mon Camps de vacances au Québec", par Natalie Milligan

Voici un autre texte issu du cours de français québécois. Natalie raconte à son amie Sophie ses aventures au Québec dans une langue, ma foi, assez typique de la belle région de Lanaudière. C'est un registre populaire, bien entendu ;-)


Ma Chère Sophie,


T’es au courant que je me suis pogné une job (j'ai obtenu un emploi) dans un camp de vacances au Québec pour cet été? Ben, je suis déjà rendue là, pis il faut dire que les gens sont ben fins icitte (très gentils ici) dans les Laurentides! D’abord, le voyage en train pour me rendre de la Nouvelle Écosse à Montréal a été vraiment long et j’avais de la misère à dormir sur mon siège. C’est sûr que j’avais l’air d’avoir passé la nuit sur la corde à linge (pas dormi de la nuit) mais je suis arrivée sans gros problèmes, et une des religieuses qui travaillent au camp était là, à la gare, pour me donner un lift (pour venir me chercher). Je me trouve en fait à St-Donat, au nord de Montréal (près du Mont-Tremblant), faque (c'est pourquoi) je suis ben loin de la ville, mais les montagnes et la nature dans la campagne sont tellement belles. Malheureusement, il y a plein de maringouins (méchant petit insecte piqueur qui s'abreuve du sang des citadins et provoque des démangeaisons quasi insuportables) et d’autres bebittes (insectes) icitte (ici), il mouille (il pleut) beaucoup cet été pis (et puis) il fait parfois frette (froid) le soir mais le camp est quand même trippant! (très amusant)

Les journées ne sont jamais plattes (ennuyantes) parce que, comme monitrices, on a beaucoup à faire et on n’as pas le temps de se pogner le cul (de rester à rien faire). On dort toujours comme des bûches (dormir d'un sommeil très profond) le soir, et chaque matin, ma co-monitrice garoche (lance) le cadran (le réveil matin)d’un coté de la chambre à l’autre en disant « Câline de bine, que c’est de bonne heure! » (câline est juron innocent, euphémisme si l'on veut d'un juron plus grave issu de la religion catholique, associé à un met traditionnel québécois, les "binnes", c'est-à-dire les fèves au lard. L'ensemble forme un tout destiné à marquer l'intensité de l'expression. Il est vraiment très très très tôt le matin...)   On a toujours ben trop d’affaires  (de choses) à faire! Je travaille avec des campeuses de 13 à 16 ans, ce qui veut dire qu'elles sont moins niaiseuses (plus dégourdies disons) que des petits garçons et sont assez indépendantes. Par contre elles chialent (se plaignent) beaucoup et se bitchent (médisent les unes contre les autres) entre elles, mais c’est ça travailler avec les ados, (adolescents) il faut le supporter autant que possible. Heureusement ma boss (ma patronne), c’est-à-dire ma responsable de chalet, une jeune postulante nommée Rosa, est super fine (super gentille) et très relaxe. J’avoue que parfois quand les filles se disputent entre elles et se mettent à brailler (pleurer) sans raison j’ai l’envie de peter ma coche (me mettre en colère) et les pitcher (les lancer) toutes dans le lac, mais, à chaque fois que je me suis tannée (me suis énervée), Rosa, toujours patiente, me disait « Ma grande, lâche pas la patate (courage, ne laisse pas tomber) pis pogne pas les nerfs (ne t'énerve pas), tout va bien aller! » Elle ne m’a jamais laissé abandonner mon boulot et m’a toujours remonté le moral quand j’étais désespérée!

Le meilleur bout (ma meilleure expérience) à date (jusqu'à maintenant) c’est quand une de mes amies, Mimi, qui est une autre monitrice, m’a invitée chez-elle à St-Sulpice (joli et très ancien village du Québec situé sur le bord du fleuve St-Laurent, reconnu entre autres pour son vignoble)  pour une fin de semaine (un week-end !) de congé inoubliable. Dès qu’on a été libre le vendredi soir, on a embarqué dans son char (on est monté dans sa voiture). D’abord, on s'est arrêtées au dépanneur (un "convenience store") à St-Donat – le village est grand comme ma main (minuscule), mais il y a quand même quelques magasins où on peut s’acheter des affaires (des choses, des trucs). On a acheté une crème glacée à quelques piastres (dollars), puis on a mis du gaz (de l'essence) dans le char avant de partir vers St. Sulpice. Mimi chauffait comme une malade (conduisait comme une folle, très vite) sur des petits chemins de campagne et j’ai chié des briques (j'ai eu très peur) en croyant qu’on allait fesser (frapper) un autre char…ou un arbre! Mimi m’a regardé un peu croche (l'air moqueur) quand elle a vu comment j’étais aggripée à ma sacoche (cramponnée à mon sac à main)  en demandant « t’es-tu correcte? » (est-ce que ça va ?) pendant que sa soeur, qui travaille aussi au camp, était crampée ben raide (morte de rire) en arrière en disant « tabarouette! (autre juron atténué, un mélange de tabarnak et de brouette) check ben ca (regarde) comment elle a peur! ». Après qu’on soit arrivées chez-elles, j’ai eu tellement de fun (de plaisir), j’ai trippé (je me suis amusée) toute la fin de semaine avec leur famille pis on s’est bien reposées. C’était poche (dommage) quand le dimanche est arrivé parce qu’il a fallu retourner au camp, malgré le fait que j’aime tellement mon travail!

Bref, je capote icitte (je m'amuse follement ici), même si je m’ennuie de toi pis mes amies à Halifax! C’est vrai que je la trouve fatigante parfois, mais j’aime ma job (mon travail) pareil (quand même). En plus les gens avec qui je travaille sont super fins, je crois que si c’était possible, je resterais icitte dans les bois du Québec pour toujours! À bientôt ma cocotte (ma chérie), je t’aime fort!!

Natalie